La mobilisation des acteurs du numérique se traduit par un rassemblement de ces derniers au sein d’un collectif « Ni pigeons, ni espions ». Ce groupe a choisi ce nom choc, refusant un rôle qui ne leur est pas naturellement dévolu de par leurs fonctions premières.
Tous contre un Big Brother organisé par l’Etat
Derrière ces acteurs du numérique se trouvent des hébergeurs (OVH, Gandi), des start-up ou encore des fournisseurs d’accès à Internet. Se trouvent également des associations régionales de start-up farouchement opposées à la loi sur le renseignement, telle que La Mêlée à Toulouse.
Pour bien comprendre cette opposition quasi unanime de ces entreprises et personnes à la loi sur le renseignement, il faut envisager ses conséquences. Le texte de loi prévoit ainsi l’installation de boîtes noires chez les hébergeurs, qui seront alors contraints d’accepter une captation en direct et illimitée des flux transitant par leurs serveurs, afin d’aider les services de police ou de renseignement dans leurs investigations. Les utilisateurs seront alors en droit de remettre en doute la sécurité entourant leurs données personnelles qui transitent par ces hébergeurs, devenus alors véritables base arrière de l’Etat.
Les hébergeurs menacent ainsi de se délocaliser pour héberger leurs serveurs dans des pays où les lois sont moins liberticides. En attendant son examen devant l’Assemblée nationale en mai, la loi sur le renseignement, élaborée à chaud suite aux attentats terroristes subis par la France en début d’année, va probablement continuer à mobiliser contre elle.