Le Serious Fraud Office (SFO) indique dans un bref communiqué que David Green, « le directeur du SFO a ouvert aujourd’hui une enquête pénale portant sur les allégations de conduite frauduleuse sur le marché des changes.
Des données complexes à examiner
L’an dernier, l’Autorité de conduite financière britannique (FCA) avait déjà lancé une enquête réglementaire en Grande-Bretagne sur le gigantesque marché des devises. Les enquêtes se sont depuis étendues à d’autres pays dont l’Allemagne, la Suisse et les Etats-Unis.
Dans ce dossier, le Serious Fraud Office avait jusqu’à présent indiqué n’étudier que « des données complexes » avant de décider à son tour de lancer une investigation, mais sur le plan pénal cette fois-ci.
Manipulation présumée du taux de référence quotidien des devises
L’enquête vise les grands établissements bancaires soupçonnés d’avoir utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter dans le but d’influencer en leur faveur le taux de référence quotidien des devises.
Plusieurs banques se sont d’ores et déjà séparées de certains cambistes dans le cadre de cette affaire de manipulation présumée.
Les investigations visent plusieurs banques en particulier, les banques américaines Citigroup et JPMorgan, la Deutsche Bank, les britanniques Barclays et Royal Bank of Scotland (RBS) et la suisse UBS.
Un marché colossal
Le marché des changes, le forex (foreign exchange), est la place virtuelle où se réalisent 5 300 milliards de dollars de transactions par jour et où se négocient l’offre et la demande de devises issues des transactions commerciales et financières du monde entier. La moindre manipulation peut avoir des répercussions catastrophiques sur les monnaies.
En 2012, une affaire similaire avait éclaté. Il s’agissait de l’affaire du « Libor » qui avait mis à jour des manipulations pratiquées par certaines banques sur les taux interbancaires, et ce avec un sentiment de totale impunité. Le scandale avait été tel que certaines grandes banques européennes avaient écopé de lourdes amendes financières et pénales.
Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a prévenu que cette nouvelle affaire peut « être aussi grave que le Libor, si ce n’est plus ».
Par ailleurs, la banque centrale mène en ce moment une enquête interne pour s’assurer qu’elle n’a rien à se reprocher dans ce dossier.
Londres abrite près de 40% du marché des devises
La place de Londres abrite un peu plus de 40% des échanges de devises mondiales, elle est largement devant les Etats-Unis, le Japon et Singapour. Par conséquent, le gouvernement britannique a commencé à sévir pour protéger la réputation d’un marché vital pour Londres.
Le ministre des Finances, George Osborne, a déclaré que « l’intégrité de la City est importante pour l’économie britannique. Les marchés fixent ici les taux d’intérêt des prêts immobiliers des gens, les taux de change de nos exportations et de nos vacances et les prix des matières premières pour les biens que nous achetons ».