Conduit par l’aventurier Corentin de Chatelperron, le collectif Gold of Bengal est parti réaliser un tour du monde en catamaran. L’objectif est de partir à la découverte des low-tech du monde, des technologies artisanales et durables dont on retrouve un fort potentiel dans les pays en développement. Le collectif les teste ensuite directement sur le bateau, en totale autonomie.
Les low-tech sont des inventions qui favorisent les matériaux recyclés, locaux et respectueux de l’environnement. Ces technologies vertes viennent s’opposer aux logiques consuméristes, d’obsolescence programmée et de production de masse en apportant une durabilité et une fabrication artisanale au produit.
Philippe Bihouix, ingénieur spécialiste des ressources minières et auteur de l’ouvrage L’Age des low-tech, résume :
Des ingénieurs partis faire le tour du monde des low-tech
Le collectif Gold of Bengal est parti le 23 février dernier de Concarneau pour un voyage de trois ans. L’objectif de cette épopée, menée par le capitaine Corentin de Chatelperron, est de parcourir le monde à la découverte de technologies ancestrales et les remettre au goût du jour.
« Le but avec ce bateau, c’est de pouvoir partir autour du monde rechercher les meilleurs low-tech », explique Hélène, la deuxième coéquipière de Corentin de Chatelperron qui a préparé l’expédition. Hélène a contacté des inventeurs partout dans le monde, préparé le routage et tenté de prévenir les imprévus.
Le bateau est un laboratoire à low-tech
Le catamaran, nommé Nomade des Mers, est lui-même aménagé en « bateau-laboratoire de low-tech », indique son capitaine.
De la conservation des aliments à leur cuisson et de la désalinisation à la potabilisation de l’eau, le Nomade des Mers est construit et aménagé pour être autonome. Il est notamment équipé de panneaux solaires et d’une éolienne pour l’électricité. Pour la nourriture, le catamaran transporte aussi quatre poules et un espace potager où les plantes pousseront en hors-sol.
Les technologies low-tech découvertes seront de plus testées en totale autonomie sur le bateau durant le voyage. « On n’est pas tout seul, précise Pierre-Alain, on a toute une communauté de contributeurs, des étudiants, des inventeurs, des entreprises […] des bricoleurs du dimanche qui donnent un coup de main, parce qu’on est spécialiste de rien ». Sur la page Facebook de l’équipage notamment, l’équipage sollicite les internautes pour résoudre les problématiques du voyage et pour des idées de low-tech.
Les low-tech embarquées sur le Nomade des Mers
Si Arte diffusera en 2017 une série documentaire de 15 épisodes sur les aventures du Gold of Bengal, la chaîne présente aujourd’hui sur internet les équipements embarqués sur le Nomade des Mers.
L’infographie vulgarise le fonctionnement de ces low-tech. Le Moringa oleifera par exemple est un arbre qui produit des graines dont la poudre peut épurer l’eau. Tout aussi simple, le filtre à sable peut débarrasser l’eau des matières solides, des substances chimiques ou encore de certains goûts et odeurs qu’elle contient.
Le lombricomposteur permet quant à lui de composter les détritus organiques en les faisant digérer par des vers de compost.
Le presse-briquette, facile de fabrication, permet à l’aide d’eau de recycler papiers, cartons ou bien magazines pour en faire des briquettes. Ces blocs peuvent par la suite servir à alimenter un feu par exemple.
Le rouet à bouteille permet de découper les bouteilles plastiques en fils, qui peuvent elles-mêmes être tissées ou servir de liens.
Toujours dans l’outillage « Do it yourself », un pédalier multifonction permet de faire fonctionner une perceuse, une meuleuse, une machine à coudre ou encore une ampoule.
Les pays en développement sont un bon terreau pour les technologies durables
Après son départ de Saint-Malo, le Nomade des Mers a accosté l’Afrique du Nord. Son périple se poursuivra en Amérique du Sud avec trois étapes au Brésil, puis il retournera en Afrique aborder l’Afrique du Sud, le Mozambique ainsi que Madagascar. L’équipe du Gold of Bengal achèvera son périple en rejoignant l’Inde, le Sri Lanka et l’Indonésie. Il est possible de suivre le périple de l’équipage sur une carte interactive.
Le Nomade des Mers voguera majoritairement dans les eaux du Sud, ce qui n’est peut-être pas un hasard car le mouvement low-tech se développe plus facilement dans les pays en développement que dans ceux déjà développés. « Le génie humain sait le mieux s’y réapproprier le bon sens », commente Alain Guinebault, directeur du Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités (Geres), une association située à Aubagne, près de Marseille, qui conduit des projets environnementaux innovants dans les pays du Sud et du Nord comme des serres solaires ou des poulaillers bioclimatiques. Manu Prakash, ingénieur biologiste au Stanford College, confirmait qu’« il n’y a pas forcément besoin de technologies de pointe pour améliorer les conditions de vie dans ces régions défavorisées » en montrant un microscope optique de son invention qui permet un dépistage rapide du paludisme dans des prélèvements sanguins.
Révolutionnaire, le « foldscope », ce microscope en papier à plier, s’imprime sur une feuille de papier et se monte par simples pliages. Accompagné d’une lampe LED, d’une pile et d’une lentille optique de base, l’assemblage est « rudimentaire, mais diablement plus efficace que les kits de diagnostic bien trop cher pour parvenir là où le fléau sévit », précise l’ingénieur.