AccueilInnoverDans les coulisses d’une expertise : l’IAM selon Matthieu Filizzola

Dans les coulisses d’une expertise : l’IAM selon Matthieu Filizzola

3 min de lecture

Il raconte encore à ses étudiants qu’au début de sa carrière, il voyait l’IAM comme un simple bloc technique mis de côté dans l’IT. Aujourd’hui, dans l’école d’ingénieurs habilitée CTI où il enseigne, c’est la première chose qu’il démonte : « Identity is the new firewall. Si on ne sait pas qui fait quoi, qui accède à quoi, rien n’a de sens en cybersécurité. » Une manière de rappeler que l’identité n’est plus un sujet technique, mais un socle stratégique.

Son parcours est marqué par de nombreuses certifications : CyberArk, Ping Identity, ForgeRock, Netwrix Identity Manager, Microsoft Identity, Bomgar, non pour les collectionner, mais pour comprendre profondément les solutions.

Une exigence qu’il résume ainsi : rester crédible sur le terrain et maîtriser ce que l’on opère.

Il aime répéter : « Si les experts deviennent des commerçants, leurs conseils se transforment en spots de pub. ».

Pour lui, la valeur d’un expert IAM ou PAM repose sur la conviction, l’indépendance et la compréhension réelle des architectures.

Lorsqu’il fonde Ariovis en 2024, il ne cherche pas à révolutionner l’IAM. Il rappelle simplement que la cybersécurité est une fonction support : « Si notre client vend des carottes, notre job, c’est de l’aider à vendre des carottes. Ou des marteaux. Ou faire décoller des avions. » Une manière de dire que l’IAM, l’IAG ou le PAM n’ont de sens que s’ils s’alignent sur le métier, sans se perdre dans la complexité ou l’empilement de technologies. Une vision sobre, centrée sur la valeur.

Sur les projets, il observe toujours le même schéma : des architectures trop lourdes, trop compliquées, basées sur des briques qu’on aligne “parce que ça se fait”. Matthieu écoute, puis recentre tout sur un point unique : la valeur créée. Pas pour simplifier à l’excès, mais pour éviter que la complexité devienne l’objectif. Pour lui, la bonne architecture IAM n’est pas la plus sophistiquée, mais la plus utile.

Sa vision est d’abord humaine. Il raconte souvent une mission PAM où personne ne savait précisément qui avait accès à quoi : chacun détenait une partie du puzzle mais sans vision globale. De là, il tire une conviction devenue centrale : « La gouvernance des humains, c’est le plus important. La technique est rarement le problème. » Les projets IAM échouent rarement à cause d’un outil, mais parce que les rôles et les comportements ne sont pas clarifiés.

En conférences ou en webinaires, son ton tranche avec les discours formatés : pas de posture, pas d’effets. Juste une ligne claire : « Si on est experts en tout, on est experts en rien. » Pour lui, la cybersécurité des identités repose sur la spécialisation, la rigueur et la capacité à dire non. Ariovis applique cette même discipline : ne promettre que ce qui peut être livré, tenir le timing, refuser les solutions mal maîtrisées.

Sa réflexion dépasse largement les projets actuels. Il évoque souvent les futurs socles européens : European Digital Wallet, Identité Décentralisée, Bring Your Own Identity. Non pour se poser en visionnaire, mais parce qu’il estime que la souveraineté numérique européenne dépendra de la manière dont l’identité sera structurée dans la prochaine décennie. Ce n’est pas une tendance, mais un chantier stratégique.

Ceux qui travaillent avec lui parlent d’un leadership direct, exigeant, structurant. Un cadre où chacun est poussé à monter en compétence et à comprendre ce qu’il opère réellement. Avec humour, il se décrit parfois comme un « dictateur éclairé » : quelqu’un qui évite les compromis techniques qui fragilisent les projets. Dans l’IAM, rappelle-t-il, la moindre erreur se propage partout. On ne peut pas se permettre l’à-peu-près.

Il ne cherche pas à se donner un rôle, mais il défend une conviction nette : celle que la crédibilité naît de l’étude, de la pratique et de la capacité à transmettre. Une combinaison d’exigence, d’expertise, de pédagogie qui nourrit sa vision : une identité numérique européenne plus robuste, plus lisible, portée par des professionnels qui comprennent réellement ce qu’ils construisent.

✅ Cet article vous a-t-il plu ? :
0 / 5

Note de l'article

Catégories