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Auto-école en ligne : une ubérisation réussie ?

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Depuis 2014, en France, les auto-écoles traditionnelles font face à un nouveau type de concurrence. Il s’agit de plateformes Web proposant de préparer le code et le permis de conduire, avec à la clé le passage des épreuves en tant que candidat libre. Les ambitions de ces nouveaux acteurs, tels qu’Auto-Ecole.net, sont pour le moins prometteuses, et il n’est pas surprenant qu’ils suscitent un intérêt croissant de la part des candidats.

L’encadrement légal fort du secteur des auto-écoles aurait pu bloquer cette ubérisation. Pourtant, ce n’est finalement pas le cas. Et à l’heure ou le gouvernement cherche à rendre du pouvoir d’achat aux français, un permis de conduire moins cher a de bonnes chances de se faire une place.

Un modèle économique qui a réussi malgré une législation contraignante au départ

Un marché de masse

En 2017 plus d’un million et demi de candidats se sont présentés à l’examen du permis de conduire en France. On retrouve les mêmes ordres de grandeur en 2018 avec 1,6 millions de candidats à l’examen du code de la route et 1,9 millions pour la conduite. (Les élèves ne réussissent pas toujours du premier coup et se présentent donc plusieurs fois).

Avec un coût moyen de 1 700 €, pouvant monter à 2 140 € à Paris, cela représente clairement un marché captif qui a de quoi faire des envieux.
Il est actuellement partagé entre 13 000 auto-écoles avec un effectif moyen de deux salariés.

Comment innover dans un secteur très réglementé ?

A l’heure actuelle, l’enseignement de la conduite fait partie des professions dites « réglementées ».
Il convient donc d’obtenir un agrément préalable de la Préfecture pour exercer. 

Obtenir cette autorisation impose le respect de plusieurs critères. Il s’agit notamment de disposer d’un local de 25m² minimum, d’avoir un certificat de capacité de gestion, et de disposer d’au moins une voiture avec double commande.

Pour uberiser leur secteur, les pionniers ont eu l’idée d’utiliser l’agrément préfectoral d’une auto-école basée à Paris ou à Nantes, et de s’en servir pour proposer ses services dans toute la France via un site web dédié.
Préparer le code en e-learning semble assez réaliste. Mais pour les cours de conduite ?
Évidemment il ne sont pas dispensés à distance (pas encore !) mais l’astuce consiste, comme pour les VTC à faire appel à des moniteurs d’auto-école indépendants répartis sur le territoire. 

Ces précurseurs ont su prendre des risques financiers et légaux en faisant le pari que la baisse des prix était dans l’intérêt des candidats et que le gouvernement finirait par leur donner raison. Après-tout la déréglementation de l’économie est très présente désormais, du marché de l’électricité aux télécom, par exemple.

La réaction des auto-écoles traditionnelles 

Effrayées par les méthodes innovantes de ces nouveaux acteurs, et surtout par leurs prix très bas, les acteurs historiques du secteur ont réagi vite et très vivement !

Ils se pensaient à l’abri derrière les contraintes légales et ont multiplié les procès… en vain.

L’un des principaux freins au développement des auto-écoles en ligne concerne le corporatisme, et les contraintes légales bien sûr.

Les trois principales organisations des auto-écoles « classiques », à savoir CNPA, Unidec et Unic, freinent des quatre fers pour rejeter ce qu’elles perçoivent comme l’imposition d’un « système hors-sol ». Pour se faire entendre, les procès à l’encontre des auto-écoles en ligne se succèdent aux journées d’action sur la route, avec notamment, plusieurs opérations « escargot ». 

Les craintes liées à l’uberisation du secteur

Les craintes sont les mêmes qu’à chaque phénomène d’ubérisation naissante, à savoir la disparition du métier « traditionnel », entraînant des vagues de licenciement et un risque pour le grand public. 

Dans le cas présent, d’aucuns redoutent ouvertement un apprentissage de moindre qualité, se soldant par une hausse du nombre de tués sur la route. Bien sûr, pour quiconque souhaitant faire preuve d’honnêteté intellectuelle, la plupart de ces arguments sont fallacieux, mais typiques d’un corporatisme en place qui défend bien naturellement ses intérêts économiques. 

Pourtant, l’ubérisation du monde des taxis n’a pas entraîné leur disparition, pas plus qu’elle ne s’est faite au détriment des consommateurs, bien au contraire. 

Ceux-ci payent en effet les courses moins chères, et disposent d’une plus grande flexibilité dans leurs modes de déplacement. Cependant, elle a effectivement obligé les taxis à changer certaines de leurs pratiques, afin de travailler mieux et/ou davantage. Pour en revenir au secteur des auto-écoles en ligne, les perspectives sont globalement les mêmes, car comme nous l’avons vu, les établissement « traditionnels » n’ont pas perdu tout leur intérêt, et cette concurrence supplémentaire ne peut que les forcer à s’améliorer encore davantage. Et, au final, n’est-ce pas également dans l’intérêt de l’élève que d’avoir davantage de choix ?

Quand l’Etat change les lois en faveur d’un permis de conduire moins cher

La réforme du permis de conduire

Fin 2018, dans le cadre de la loi mobilité à venir, le président Macron a annoncé une réforme du permis de conduire. L’objectif visé par le pouvoir politique consiste à promouvoir une « baisse drastique » du coût du permis de conduire et à accélérer la durée de sa préparation.

En effet le permis de conduire est une nécessité pour l’essentiel de la population. De plus, il facilite grandement, voire conditionne parfois, l’accès à l’emploi. C’est donc un réel enjeu économique pour la nation. Mais il coûte très cher, trop même pour beaucoup de français.
On constate d’ailleurs que pour les 20 % des ménages les plus démunis, seule la moitié des jeunes possèdent le permis, contre les trois quarts du côté des ménages les plus aisés.

L’État annonce donc vouloir :

« en particulier accompagner les jeunes qui entrent dans l’emploi, à l’acquérir plus vite et à moindre coût ».

Enfin, la Sécurité Routière alerte sur le nombre croissant de conducteurs sans permis et donc sans assurance qui sillonnent nos routes. La raison invoquée par ces dangereux contrevenants étant souvent le coût de l’examen, cela va également dans le sens d’une réforme.

Le premier ministre a donc commandé un rapport à Madame la députée LREM du Gard, Françoise Dumas.

Des mesures favorables aux auto-écoles en ligne.

La députée Dumas a remis son rapport en février 2019. Il portait 23 propositions.

Début mai 2019, le gouvernement a dévoilé une série de mesures, dont on estime qu’elles pourraient faire baisser le coup de permis de 30%. 

Le ministre de l’Intérieur a rappelé clairement la ligne de conduite :

“Notre objectif est simple : un permis de conduire moins cher et un permis de conduire plus rapide” 

Évidemment il n’est pas question des faire des concessions sur le plan de la sécurité routière. La formation et les examens se doivent donc de conserver au moins la même qualité et la même fiabilité.

Si ces mesures ont de quoi inquiéter les auto-écoles traditionnelles, elles sont par-contre plutôt favorables pour celles en ligne : 

  • Un comparateur en ligne du coût des formations et des taux de réussite sera mis en place pour apporter sur de transparence sur les tarifs.
  • Le nombre d’heures d’apprentissage sur simulateur de conduite sera augmenté, car moins coûteux. Une incitation fiscale encouragera les auto-écoles à s’équiper.
  • La conduite supervisée sera encouragée en cas d’échec au permis, afin de préparer un nouvel examen.
  • Les élèves pourront désormais s’inscrire en ligne à l’épreuve pratique du permis de conduire. Cette dématérialisation, bientôt en test, s’accompagnerait d’un raccourcissement du délai pour repasser la conduite après un échec. Le centre de passage pourrait aussi être librement choisi.

Citons aussi :

  • L’apprentissage et la validation de la partie théorique du permis de conduire sera gratuite et obligatoire lors du Service National Universel à venir.
  • L’encouragement de la filière boîte automatique qui demande moins d’heures obligatoires d’apprentissage et peut être complétée par la suite par un permis boîte mécanique.

Le rapport proposait aussi d’autres mesures dont on ne sait pas encore si elles seront adoptées :

  • Le « fameux » agrément du préfet, de portée départementale, serait remplacé par une approbation à l’échelon national. 
  • Dans un souci de neutralité le Préfet ne consulterait une commission – la Commission Départementale de la Sécurité Routière – dans laquelle siègent des gérants d’auto-écoles classiques – avant de rendre son avis sur une demande d’agrément. 
  • L’obligation d’avoir un local de 25m² au moins serait purement et simplement abandonnée. 
  • La TVA passerait à 5,5 %
  • Rendre possible la signature de son contrat de formation sur le Web, alors qu’actuellement, chaque candidat doit obligatoirement approuver ce document en se déplaçant physiquement jusque dans les locaux de l’auto-école de son choix. Mais rappelons que ce contrat de formation évoqué ne peut être signé qu’après une première évaluation des besoins propres à chaque élève. Or cette évaluation doit impérativement se faire en présentiel, dans l’un des véhicules de formation d’une auto-école en ligne par exemple, et aucunement via un questionnaire Internet.

Les avantages des auto-écoles 2.0

Ces nouvelles formations permettent de faciliter les démarches administratives des élèves, de raccourcir leurs délais de passage aux examens, et d’offrir un service de qualité – grâce, notamment, à la présence de moniteurs diplômés d’Etat sur de larges créneaux horaires – pour un coût significativement inférieur à celui des auto-écoles « d’antan ».

Le premier avantage offert par les auto-écoles « 2.0 » réside dans le fait qu’elles ne contraignent pas leurs candidats à de fréquents déplacements. Il leur suffit en effet d’une simple connexion au Web pour réviser leur code de la route, en accédant notamment aux séries de questions d’entraînement, et ce 24h/24 et 7j/7.
Chaque élève est bien entendu suivi et accompagné par un enseignant de la conduite, mais il est également en mesure de choisir le rythme de son apprentissage. Afin d’obtenir d’excellents résultats aux examens, les auto-écoles en ligne sérieuses veillent à choisir leurs enseignants de la conduite avec la plus grande vigilance, en s’assurant notamment qu’ils soient tous diplômés d’Etat.

Des points de rendez-vous souples

Autre point fort majeur des auto-écoles en ligne, les points de rendez-vous pour la conduite se révèlent remarquablement souples, et de fait, le candidat peut choisir facilement le lieu et le créneau horaire de son choix, en faisant appel à tel ou tel enseignant partenaire.

Par ailleurs, grâce au choix de l’enseignant de la conduite qui est laissé à chaque candidat(e), celui-ci ou celle-ci peuvent librement en changer, et cette possibilité s’avère très utile à la suite d’un déménagement, par exemple. Il convient de souligner que les enseignants indépendants apprécient parfois des horaires décalés, le soir ou le week-end notamment, ce qui peut grandement faciliter la gestion de planning de leurs élèves.

De prix inférieurs aux auto-écoles traditionnelles

En outre, le suivi en ligne de la progression de sa formation – au travers de diverses statistiques pertinentes – vise à œuvrer en totale transparence avec chaque élève, tandis que les prix pratiqués sont, comme précédemment évoqués, très nettement inférieurs à ceux des auto-écoles « classiques ». 

Les tarifs pour le code sont divisés par un facteur allant de 4 à 6 en comparaison avec un établissement classique.

Les limites du modèle en ligne

Un modèle qui ne convient pas à tous les profils

Si le fait que les auto-écoles en ligne aient toute leur place dans le futur de l’apprentissage de la conduite apparaît indubitable aux yeux de nombreux experts du secteur, il ne s’agit toutefois pas d’une solution intégrale de remplacement pour les établissements physiques « traditionnels ».
En effet, les auto-écoles en ligne ne conviendront pas à tous les profils de candidats, et il peut être complexe de réviser à distance, sans être motivé par la présence d’un enseignant, mais aussi parfois par celle des autres candidats.
N’oublions pas non plus certaines personnes devant repasser le permis et qui n’ont pas grandi avec Internet comme les générations Y ou Z.

Toutes les formations au code et à la conduite ne se valent pas 

Qui plus est, si certaines auto-écoles en ligne affichent des forfaits « Code et 20 heures de conduite » à des prix cassés – parfois à peine plus de 700€ – il nous parait crucial de rappeler que toutes ne se valent pas. Il est donc important de comparer les formations délivrées, ainsi que les avis des anciens clients, et le bouche-à-oreille reste une source d’information particulièrement recommandée dans le cas présent.
De toutes façons, il n’est pas rare de devoir rajouter plusieurs heures de conduite avant d’être véritablement en mesure de réussir l’examen. En fonction des élèves, mieux vaut prévoir un dépassement du budget initial. 

Dès lors, mieux vaut donc privilégier un apprentissage qualitatif, avec une réelle attention apportée à la pédagogie, plutôt que de se précipiter vers l’offre la moins chère, au risque de devoir ensuite annuler cet avantage avec un trop grand nombre d’heures complémentaires.

Dans le même ordre d’idée, assurez-vous que l’auto-école en ligne qui vous intéresse dispose bien de moniteurs à proximité de votre domicile, car dans certains secteurs, les enseignants peuvent être en nombre restreint. Si tel est le cas, ces derniers doivent parfois gérer des plannings ultra-chargés, au risque d’annuler des rendez-vous avec leurs élèves, pour qui l’assiduité derrière le volant reste la clé de la réussite.

Et le taux de réussite au code et au permis de conduire ?

Avant de s’engager avec une auto-école, les futurs candidats souhaitent connaître les taux de réussite. Les taux des auto-écoles disposant d’une agence physique sont compilés par la Sécurité routière. L’UFC-Que Choisir a fait une comparaison des taux de réussite à l’examen pratique du permis B (2017).

Les auto-écoles en ligne manquent parfois de transparence sur leurs taux de réussite. Les données qu’elles communiquent sont parfois ancienne, ou porte sur une durée assez restreinte.

 Auto-ecole.net dispose d’une vingtaine d’agences physiques, ce qui permet de vérifier par soi-même les données. Mais elles ne prennent pas en compte les élèves présentés en candidat libre. En 2017, le taux de réussite des élèves présentés en candidat libre est inférieur de 15% au taux de réussite moyenne. Pas de quoi remettre en cause l’intérêt du modèle uberisé, donc.

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