Depuis quelque temps, vous avez un projet en commun avec un ami ou un membre de votre famille : ouvrir une boutique d’ébénisterie. Et cette année, vous avez décidé de vous lancer. Mais il s’agit d’un gros projet qui va vous demander beaucoup d’efforts et de travail, et qu’il va falloir bien planifier.
Alors comment faire ? Par où commencer ? On vous explique tout dans cet article, des formations nécessaires à la commercialisation de vos produits, en passant bien sûr par l’installation et les démarches administratives à effectuer.
Se former pour acquérir toutes les compétences nécessaires
La première chose à faire pour ouvrir une boutique d’ébénisterie, c’est évidemment de se former au métier d’ébéniste. Il s’agit d’un métier d’artisanat d’art répertorié par l’Institut National des Métiers d’Art (INMA) qui requiert un savoir-faire spécifique issu d’une longue tradition de travail du bois et qui ne peut en aucun cas être appréhendé en autodidaxie. Il est donc nécessaire de s’orienter vers une formation reconnue et qualifiante pour exercer cet art.
Il existe une voie d’accès royale au métier d’ébéniste : le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) ébéniste. Le CAP art du bois option marqueteur est une autre solution. Si la durée du CAP est de 2 ans pour les jeunes sortant du collège, il peut être réalisé en un an seulement pour les adultes ou les jeunes sortant du lycée ou d’études supérieures. Le CAP peut être complété par un Brevet des Métiers d’Art (BMA), un Brevet Technique des Métiers (BTM) ou un Diplôme des Métiers d’Art (DMA).
Il existe également des formations plus courtes et encore plus professionnalisantes qui permettent de se former au métier. Attention, ces formations sont privées et souvent onéreuses.
En revanche, il peut être bénéfique de suivre un tel module de formation pour apprendre les bases de la gestion d’entreprise, notamment en ce qui concerne le volet financier : il ne suffit pas d’être un bon artisan pour diriger une entreprise d’ébénisterie, il faut aussi avoir tout le panel de compétence des chefs d’entreprise (soit votre futur associé, soit vous-même).
Création administrative de l’entreprise : quel statut juridique choisir ?
Une fois formé, il vous faut créer l’entreprise.
À cette étape, une question revient régulièrement : comment choisir le statut juridique ? Vous êtes dans un cas particulier où vous ne voulez pas entreprendre seul, mais avec un associé. Les entreprises individuelles, dont le régime d’autoentrepreneur, ne sont donc pas envisageables. Il existe d’autres statuts juridiques très adaptés, notamment la Société à Responsabilité Limitée (SARL) et la Société par Actions Simplifiée (SAS) :
- La SARL est très adaptée aux activités commerciales, et présente l’avantage d’être déclinée sous différentes formes, dont la SARL de famille, idéale si vous entreprenez avec un membre de votre famille. La responsabilité de chacun est limitée au montant des apports.
- La SAS a l’avantage d’avoir des statuts très flexibles : les entrepreneurs définissent librement le fonctionnement de l’entreprise et les rôles de chacun. Il doit néanmoins y avoir un président unique ayant un statut spécifique. Dans la SAS, les associés sont des actionnaires.
De manière générale, il est conseillé de choisir la SARL et de se diriger vers un organisme facilitant les démarches administratives et juridiques. Par exemple, la création d’une SARL avec LegalStart a l’avantage d’être simple, rapide et économique, mais aussi sécurisée : un juriste professionnel vous accompagne dans vos démarches et vous aide à constituer votre dossier.
Financer l’installation et le début de l’activité
Au début de l’activité, les frais d’installation sont souvent importants et ne peuvent que rarement être financés par fonds propres pour les entrepreneurs.
Il faut penser au local, qui sert généralement à la fois d’atelier et de point de vente, mais aussi à toutes les machines et tous les outils d’ébénisterie nécessaires à l’exercice de l’activité, et éventuellement à un véhicule d’entreprise. Il faut aussi prévoir les premiers stocks de bois, de vernis, de peinture, etc. Il n’est pas toujours facile de convaincre les banques, mais il existe heureusement d’autres alternatives au prêt bancaire :
- Une aide financière de l’entourage (donation) ;
- Un prêt d’honneur via un organisme spécialisé indépendant ;
- Un microcrédit ;
- Un financement participatif (crowdfunding) ;
- Etc.
Les possibilités sont nombreuses, d’autant plus que vous êtes deux et pouvez donc compter sur deux fois plus de ressources. Pour bénéficier d’un financement, il faut néanmoins convaincre le financeur : bien préparer la présentation de votre projet et y croire vous-même sont les meilleures manières d’y parvenir. Vous pouvez par exemple présenter des modèles de meubles que vous avez déjà conçus, voire de prototypes si vous en avez les moyens.
Comment commercialiser ses produits ?
Une fois formé et installé, vous pouvez enfin commencer votre activité. La prochaine étape, parfois plus difficile qu’il n’y paraît, est de réussir à vendre vos produits. Pour y arriver, il faut choisir le ou les canaux de commercialisation adéquats, pour vendre directement aux particuliers (Business to Consumer – B2C) ou à d’autres entreprises (Business to Business – B2B).
Le premier réflexe, dans une stratégie commerciale B2C, est de faire de son local un point de vente en plus d’un atelier. La réussite ou l’échec de cette solution dépend immensément de votre emplacement et surtout des personnes qui fréquentent le quartier où vous êtes installé.
Par exemple, si vous êtes installé dans le centre d’un gros village très vivant et dynamique, où les habitants ont tendance à consommer chez les commerçants de proximité, il y a des chances que vos meubles intéressent beaucoup de monde.
Une stratégie plus sûre consiste à se diriger vers la vente en ligne.
Pour cela, il vous faudra créer un site internet avec une partie vitrine où vous présentez votre entreprise, une partie dédiée au e-commerce avec la présentation des différents meubles à la vente et éventuellement une partie blog où vous pourrez partager les enjeux de votre métier.
Il vous faudra par ailleurs une stratégie de marketing digital solide et multicanal (notamment en ce qui concerne l’utilisation des différents réseaux sociaux). Une autre manière de commercialiser vos produits est de les proposer à des entreprises.
Les stratégies B2B reposent sur des partenariats de confiance entre professionnels. Si ces partenariats sont difficiles à construire au début, ils assurent un avenir serein lorsqu’ils sont pérennisés : vos meubles seront toujours vendus à l’un de vos partenaires de confiance.
Blablabla, …
artisan depuis plus de 24 ans
6 ans de formation dont 3 à l’école Boulle 3 ans d’expérience pro, le premier jour de mon activité j’ai compris que je ne savais pas grand chose de la vie artisanal. Alors bon courage à celles et ceux qui se lancent avec une formation courte . si c’est pour exercer un Hobby lucratif pourquoi pas pour les autres ils s’engagent vers de gros soucis.
Pour la commercialisation je ne suis certainement pas le meilleur mais une chose est sure et certaine est que la clientèle des artisans ne cherche pas en priorité des articles prêt à emporter . Le terrain de jeu de l’artisan est le sur mesure et la proximité .
Alors la stratégie de la boutique ( en ligne) aura vite ses limites. Et vouloir vendre pour concurrencer la grande distribution est une utopie économiquement suicidaire. Reste la vente en galerie peut-être mais il vous faut avoir une signature : donc de l’expérience ou un immense talent.
La stratégie B2B c’est bien si on veut faire cadeau de sa marge aux autres. Si l’artisan à des prix élevés ce n’est pas par plaisir c’est une nécessité économique.
Le véritable conseil avant de se lancer dans une activité est de rencontrer un artisan en activité pour mesurer son projet .
Bonjour
Merci pour ce retour d’expérience.
Il est très intéressant et éclairera nos lecteurs.
Bonne journée
Merci pour cet article, personnellement le parcours de marc simoncini m’a particuliérement marqué.