Après les banques en ligne, c’est désormais au tour des néo-assureurs de se déployer à grande échelle et de bouleverser les codes du marché. Ils apportent d’ailleurs des avantages comparables, à savoir des solutions connectées, rapides, simples à utiliser et peu coûteuses.
A l’heure actuelle, les études sur le sujet font état d’une part de marché mondial d’environ 5% pour ces sociétés de l’assurtech, mais ce ratio pourrait plus que doubler au cours des cinq prochaines années. En outre, l’Hexagone abrite quelques pépites dans ce domaine, dont nous pouvons nous enorgueillir.
La promesse de l’assurtech : des produits innovants et rentables qui facilitent la vie des clients
Les Français et plus généralement les Européens sont de plus en plus à la recherche de « bons plans » et de solutions moins chronophages en ce qui concerne la gestion de leur budget, au sens large du terme. L’IFOP le confirme d’ailleurs régulièrement, et note que ce type de comportement s’avère encore plus présent auprès d’un public de moins de 25 ans, les fameux « Millenials ». Les comparateurs en ligne n’ont d’ailleurs jamais eu autant de succès, que ce soit dans le domaine du retail ou pour les services.
Dans cette mouvance, le concept porté par les néo assureurs s’inscrit donc idéalement dans ce cadre, en promettant à leurs clients de gagner du temps et de faire des économies.
Mais alors, comment fonctionne concrètement une assurtech ?
Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord préciser qu’il en existe en réalité trois types, en commençant par celles qui proposent des services aux assureurs et courtiers « traditionnels », en tant que fournisseur de technologies.
L’on trouve ensuite les néo assureurs qui occupent une fonction de courtiers, en proposant des solutions aux clients (particuliers ou professionnelles, d’ailleurs), mais sans couvrir le risque.
Enfin, il y a les acteurs qui proposent véritablement des produits d’assurance qu’ils ont eux-mêmes construits – pour de l’assurance on demand ou collaborative dans le cadre d’achats groupés.
Dans ces trois cas de figure, il est important de retenir que les assurtech font appel aux dernières technologies de pointe développées initialement pour la fintech, dont l’Intelligence Artificielle par exemple. Celle-ci n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais son potentiel parait pour ainsi dire illimité. Pour ne prendre qu’un exemple lié à l’assurance des gains permis par ces nouvelles technologies, sachez que les algorithmes de modélisation des risques ont d’ores et déjà permis une automatisation qui permet de diviser par 10 le temps nécessaire pour donner une tarification pertinente à un client / prospect.
Les avantages sont donc évidents, aussi bien pour le consommateur que pour l’assureur, puisque le premier disposera d’une réponse rapide à sa demande de devis, tandis que le second aura simultanément amélioré l’efficacité de l’évaluation des risques tout en réduisant son taux de perte de clients. Bien sûr, le volume de données à gérer s’avère colossal, mais ce sont précisément les progrès récents dans la compréhension des enjeux du big data qui ont facilité l’essor des assurtech.
Un secteur en pleine mutation, qui aiguise les appétits des investisseurs
Depuis le début de l’année 2020, le monde a connu une grave crise sanitaire, dont toutes les conséquences sur le plan économique ne sont pas encore connues. Cependant, il s’avère que les Cassandre qui avaient prédit un fort recul dans le secteur des néo assureurs se sont lourdement trompés.
En effet, sur cette période, le nombre de start-ups de l’assurance a bondi de 10%, pour s’établir à plus de 230 entreprises, dont environ 50% ont un business model de fournisseurs de technologies. Parmi ces sociétés, citons notamment Akur8 ou Monk, qui cherchent donc à optimiser les process des compagnies d’assurance existantes.
Près de 40% des assurtech hexagonales se focalisent quant à elles sur la distribution de produits d’assurance, en faisant couvrir le risque par un réassureur classique, et l’on pense ici notamment à Luko, dont les performances ont indéniablement attiré le regard du grand public sur les assurtech. De fait, alors que certains assureurs traditionnels atteignaient péniblement 60 000 nouveaux contrats sur l’année 2020, Luko en a enregistré 100 000 … sur un seul produit « habitation » !
Enfin, environ 10% des acteurs français du marché commercialisent leurs propres produits, les sociétés Alan et Seyna ayant même obtenu le Graal que représente l’agrément de l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution).
Quoi qu’il en soit, si l’on en juge par la cadence et le volume des levées de fonds réalisées – avec succès – par ces différents acteurs, il apparait évident que les investisseurs ne souhaitent pas « laisser filer le train en marche ». Bien sûr, toutes nos assurtech nationales ne deviendront pas des « Licornes », certaines péricliteront tandis que d’autres fusionneront ou seront rachetées par des concurrents internationaux. In fine, toutefois, peu importe, car ces mouvements ont également été constatés dans le cadre des Fintech, et ils n’ont pas empêché la France de figurer parmi les « meilleurs élèves » du secteur. Les investisseurs, qu’ils soient institutionnels, business angels ou particuliers, s’en souviennent.
Il est donc logique qu’ils soient disposés à prêter des sommes conséquentes (jusqu’à près de 185 millions d’euros pour Alan dans l’assurance-santé) aux assurtech dans l’espoir qu’elles suivent une trajectoire similaire. Après tout, avec la fin prochaine espérée de la crise COVID-19, les voyages devraient reprendre, or qui dit déplacements à l’étranger dit souvent assurance spécifique, avec un fort développement attendu en B2C à la clé.
Vers une ubérisation de l’assurance ?
Lorsque l’on aborde le thème des assurtech (ou InsurTech pour reprendre le néologisme anglo-saxon), la problématique de l’ubérisation n’est jamais très loin dans les débats. De fait, et c’est presque un sujet de Baccalauréat, « l’émergence de nouveaux entrants, portés par les technologies de la révolution numérique, est-il synonyme d’une disparition à moyen terme des acteurs historiques de l’activité considérée ? ».
Dans le cas présent, la réponse est clairement « non ».
Certes, les start-ups de l’assurtech proposent des fonctionnalités très appréciés des clients (devis en ligne, application smartphone dédiée, voire même des téléconsultations gratuites), tandis que d’autres permettent de mutualiser les coûts de franchise. Toutefois, les acteurs traditionnels ont su s’adapter très tôt, en investissant également dans les InsurTech pour se moderniser et s’adapter aux évolutions des attentes des « consomm’acteurs ».
De grandes compagnies d’assurance, telles que Mass Mutual aux Etats-Unis ou Ping An en Chine, ont ainsi créé ex nihilo des sociétés de capital-risque dans le seul but de prendre des parts dans les assurtechs qui leur paraissaient les plus prometteuses. Indéniablement, le futur de ces start-ups semble donc radieux, et l’on ne peut que se féliciter que leur nombre ait continué à croître en France en 2020.
Crédit photo : COAF Smart Center, Lori, Armenia par Nerses Khachatryan