Cinquième région de France en termes de production de richesse (90,5 milliards d’euros de PIB), la Normandie se distingue notamment par son secteur industriel développé et sa situation géographique privilégiée. Avec ses 3,3 millions d’habitants, elle compte 1,28 million d’emplois pour un taux de chômage de 9,5% (au deuxième trimestre 2017) légèrement inférieur à la moyenne nationale.
Quels sont les principaux secteurs d’activités économiques normands ?
La Normandie est la troisième région industrielle de France, elle brille aussi pour sa qualité et son volume de production agricole. Néanmoins, elle n’échappe pas à la tendance nationale de la diminution des emplois dans le secteur industriel où, depuis les années 2000, cette filière a perdu 22,8% de ses effectifs salariés.
De même, la baisse continue de la demande en produits carnés, pour cette même période, a entraîné une baisse de la production d’ovins de 65% et de 14% pour les bovidés. Un dynamisme qui est donc contrasté par les tendances macro-économiques en œuvre sur le territoire national.
Néanmoins, du fait de la diversité de ses secteurs d’activités, elle peut offrir de nombreuses opportunités BtoB aux entreprises nouvellement implantées. Focus donc, sur les secteurs d’activités phares de la Normandie.
Les filières industrielles normandes dynamiques
La filière industrielle normande représente 17% du PIB normand, il s’agit donc d’un secteur particulièrement important dans cette région en comparaison à la moyenne nationale (12%).
De nombreuses industries du monde entier ont fait de la Normandie un lieu stratégique de production du fait notamment de la diversité des moyens logistiques à disposition (ports internationaux, tissu routier et ferroviaire développé…), facilitateurs tant pour les échanges internationaux que pour les échanges intérieurs.
Parmi ces fleurons de l’industrie, il est possible de citer : Elle et Vire, Agrial, Danone, Renault, Dassault, Peugeot-Citroën, groupe Safran, Aptar, EDF, Areva, DCNS, GSK, Sanofi Pasteur, Vuitton.
Ainsi, le tissu industriel normand est plutôt diversifié avec de nombreuses industries manufacturières (automobile, aéronautique, pétrochimique, pharmaceutique, agroalimentaire) dans lequel évolue un nombre important de petites structures artisanales principalement spécialisées dans les métiers du bâtiment. En effet, 7,2% de l’emploi normand est assuré par des TPE artisanales exerçant dans les divers corps de métier du bâtiment.
La Normandie est aussi un haut lieu de production d’énergie électrique (14,2% de la production nationale) avec un fort potentiel de croissance dans les énergies renouvelables. Sa situation géographique et son environnement font de la Normandie le premier candidat potentiel pour la mise en place de champs éoliens marins.
La tradition agricole et culinaire normande
Le secteur agricole normand se concentre sur l’élevage principalement à l’Ouest, la production de textile végétale et vivrière à l’Est avec notamment des cultures de céréales, de betteraves et de pommes de terre.
Si la France est productrice de 80% de la production mondiale de lin, la Normandie en est responsable à 55%. En effet, la Normandie est le premier producteur de lin (5,2 milliards d’euros) qui, une fois transformé, sert notamment à la filière automobile et aéronautique.
De plus, la région dispose d’un véritable savoir-faire dans la transformation des ressources agricoles brutes en des produits gastronomiques régionaux à rayonnement international tels que les andouilles de Vire, la crème d’Isigny, le beurre d’Isigny, le camembert, le livarot…. La plupart de ces produits sont protégés par des appellations d’origine protégées (AOP) au niveau européen favorisant la production locale et la préservation le savoir-faire de la région.
Le secteur tertiaire normand en expansion
La Normandie n’échappe pas à la tendance économique nationale de plus en plus tournée sur l’activité tertiaire. Si la proximité avec l’île-de-France entrave le développement du secteur tertiaire, il occupe néanmoins une place prépondérante dans la création de la richesse régionale soit 61% du PIB (tourisme compris). D’ailleurs, certaines entreprises d’envergures notoires y ont établi leurs sièges sociaux telles que la Matmut à Rouen ou encore Ferrero France Commerciale à Mont-Saint-Aignan, en Seine-Maritime.
Les activités commerciales tournées vers la distribution et le détail de produits représentent 7,2 milliards d’euros soit 12% du PIB normands. C’est plus de 160 000 emplois répartis principalement sur l’ensemble des zones urbaines et périurbaines.
La Normandie : une région touristique attractive
La région normande dispose de véritables atouts touristiques tant par sa situation géographique que par la richesse de son patrimoine. Elle accueille plus de 13 millions de touristes chaque année soit 6% de son PIB régional.
Outre ces deux stations balnéaires très prisées (Deauville et Trouville), elle dispose de 417 sites classés, dont 2 au patrimoine mondial de l’UNESCO (Mont Saint Michel et la ville du Havre). Il est ainsi possible de visiter les tapisseries de Bayeux, le château médiéval de Guillaume le Conquérant, la Cathédrale de Rouen mondialement connue en partie grâce à la série des Cathédrales de Rouen peint par Claude Monet, et bien d’autres lieux chargés d’histoire.
Atouts géographiques de la Normandie
En plus de sa proximité avec le bassin parisien, la Normandie propose une diversité d’infrastructure favorisant le commerce national et international faisant de cette région un lieu de production privilégié. De plus, elle forme en son sein de nombreuses compétences grâce à ses nombreuses universités et filières de formations professionnelles : des atouts indéniables pour les entreprises nouvellement créées dans cette zone.
Une façade maritime aménagée pour l’import/export
L’atout majeur de la Normandie réside dans sa façade maritime idéalement aménagée pour le commerce international. Avec ses 600 km (première façade maritime de France) de côté et sa façade tournée vers le Royaume-Uni où circule 20% du trafic maritime mondial selon Vigipol, cette région dispose de 8 ports de commerce dont Le Havre et Rouen. Ces derniers sont responsables de 35% du trafic à l’export avec 95 millions de tonnes de marchandises échangées chaque année.
Reste néanmoins en suspens la question de l’impact du Brexit sur l’avenir de ces ports internationaux. En effet, en cas de Brexit “dur” la fluidité du trafic transmanche (10% du trafic) pourrait être impactée du fait de la réinstauration d’une frontière et donc d’un passage douanier. Les contrôles douaniers pourraient entraîner des embouteillages routiers conséquents en cause notamment les camions venus partout d’Europe contenant des marchandises à destination du Royaume-Uni.
Infrastructures développées et proximité avec le bassin Parisien
Outre le transport maritime, la Normandie propose de nombreuses infrastructures essentielles à de nombreux secteurs d’activité soit la circulation de l’information, des personnes et des marchandises.
Concernant les infrastructures télécoms, l’opérateur Orange offre un taux de couverture 4G de 94,93% du territoire selon l’ARCEP. Quant à la fibre, elle est principalement déployée dans les zones urbaines (Caen, le Havre, Vire, Cherbourg), les zones rurales sont majoritairement délaissées.
L’absence de contraintes topographiques permet à la Normandie de disposer d’un large réseau autoroutier et ferroviaire.
Les infrastructures ferroviaires sont normalement développées avec 2 gares TGV (Gare du Havre et la Gare de Rouen Rive Droite) avec Rouen-Paris en 45 minutes et Le Havre-Paris en 1h15. Du reste, la région est maillée d’un réseau TER avec 130 gares sur le territoire reliant les principales communes de la région. Un des objectifs de la région réside dans l’amélioration du réseau ferré afin de développer la synergie du transport de marchandises entre la voie ferroviaire et maritime.
Enfin, la région est dotée de 4 aéroports (Caen, Rouen, Deauville et Le Havre) enregistrant un peu plus de 360 000 passagers en 2016 soit une progression de 25% par rapport à l’année 2016.
La Normandie, un vivier de compétences ?
Créer une entreprise en Normandie nécessite de s’assurer de disposer des compétences nécessaires afin d’assurer une exploitation pérenne de l’activité. Selon les secteurs, notamment dans l’innovation, il est nécessaire de pouvoir disposer de diplômés du supérieur.
En l’occurrence, 22% de la population Normande est scolarisée en 2016 dont 331 000 dans le premier degré, 278 000 dans le second degré, 104 600 dans le supérieur, 22 400 dans une filière d’apprentissage. Ces chiffres dans la moyenne doivent être nuancés avec le déficit de poursuite d’études après le bac (75% de poursuite contre 80% au niveau national).
Toutefois, la Normandie est l’une des régions investissant massivement dans la recherche et développement en proportion de son PIB. Des formations d’ingénieurs sont présentes dans les principales villes de la région et la plupart des filières universitaires classiques sont représentées.
Bien que la région soit attractive pour la jeunesse grâce à la diversité des formations, le faible prix du mètre carré dans les principales villes, la Normandie est confrontée, comme la plupart des régions de France, à une fuite des cerveaux vers la capitale. En effet, l’Île-de-France capte 34% des installations des diplômés du supérieur normands.
Le dynamisme des principales villes normandes
Malgré une baisse de population des principales villes de Normandie, la région reste attractive avec une augmentation du nombre d’habitants de 26 693 entre 2010 et 2015 (3 310 448 -> 3 339 141).
Rouen, un dynamisme nuancé
Rouen se distingue par sa proximité géographique (moins de 300 km) avec trois capitales d’envergure européenne : Paris, Londres et Bruxelles.
Pourtant cette ville de 110 000 habitants enregistre une diminution globale de son prix au m2 (environ 2 400 euros/m2) sur 10 ans de -7,5% (malgré un regain depuis 2015) et une baisse de sa population entre 2011 et 2016. Cette baisse de l’immobilier reste à nuancer puisqu’une nouvelle demande explose pour les logements anciens à proximité des hauts lieux touristiques (quartier vieux marché, Cathédrale…).
Outre les activités libérales et le tourisme, l’activité économique de la ville est essentiellement basée sur l’activité portuaire du transport de marchandises. Elle compte un peu de moins de 20 000 entreprises en son sein. Sur le plan commercial, la ville aux Cent Clochers est le premier pôle commercial à l’ouest de Paris et le 8e au niveau national.
Le Havre, un faible dynamisme démographique
Première ville de Normandie en termes de population, Le Havre, à l’instar de Rouen, voit sa population diminuer depuis 2010 avec une diminution de 3,75% pour atteindre 172 366 habitants en 2015. Moins chère que Rouen, l’immobilier s’est vu perdre 17% sur 10 ans.
Métropole maritime, elle accueille le plus grand port de Normandie (deuxième au niveau national en termes d’export). L’essentiel de son activité économique est donc tourné vers les activités maritimes connexes et notamment vers l’activité industrielle de raffinage du pétrole.
Toutefois, cette ville enregistre un faible taux de diplômés en comparaison aux autres villes de France et peu d’entreprises s’y crée malgré des infrastructures de qualité.
Quelles sont les aides à l’accompagnement des entreprises en Normandie ?
La région Normandie en collaboration notamment avec la CCI Normandie et des organismes privés proposent des aides financières et des accompagnements à la création d’entreprises.
Afin de soutenir les PME et ETI normande rencontrant des difficultés, la région a mis en place un fonds de prêts participatifs de 40 millions d’euros (Normandie Horizon) à mi-chemin entre la prise de participation et le prêt à long terme.
D’autres organismes proposent des prêts d’honneur tels qu’Initiative Rouen ou le réseau Alizé responsable de la création de plus de 13 000 emplois pour plus de 2 000 TPE/PME soutenues. Ces deux organismes sont spécialisés dans les prêts d’honneur.
Du côté des investisseurs privés, il est possible de citer Normandie Business Angel, NCI Gestion et GO Capital. Ces holdings ont pour vocation de permettre aux jeunes entreprises de lever des fonds via une prise de participation dans le capital afin d’assurer une croissance pérenne de l’activité.
Pour conclure, la Normandie est une région disposant de nombreux atouts : ses infrastructures portuaires, son tissu industriel développé, la richesse de son patrimoine culturel… Malgré une diminution de la population dans ses principales villes et du départ d’une partie de ses diplômés vers l’Ile de France, les différentes aides financières et les investissements massifs dans l’enseignement et la recherche en font un terreau fertile, plein de promesses, pour l’entrepreneuriat !