Dans un rapport cité par les Echos cette semaine, l’Autorité de la concurrence s’intéresse de près aux tarifs pratiqués par les sociétés autoroutières. Les chiffres présentés dans le rapport montrent une rentabilité exceptionnelle, déconnectée des coûts, des tarifs de péages supérieurs à l’inflation et dénonce une situation qui s’apparente à une rente.
Constat sévère sur la rentabilité
A la suite d’une demande de la commission des finances de l’Assemblée nationale, l’Autorité de la concurrence s’est penchée sur les concessions autoroutières cédées en 2006 à des groupes de BTP, Eiffage (APRR, AREA), Vinci (ASF, Escota) et le groupe espagnol Abertis (Sanef, SAPN).
Le rapport de 150 pages dresse un constat sévère sur ces concessionnaires autoroutiers qui « affichent une rentabilité nette exceptionnelle, comprise entre 20% et 24%, nourrie par l’augmentation continue des tarifs des péages ». Bruno Lasserre, le président de l’Autorité de la concurrence, indique qu’il ne s’agit pas « d’un rapport à charge, mais la vérité des chiffre s’est imposée ».
Rien ne justifie une telle rentabilité
Le rapport indique par ailleurs que « cette rentabilité n’apparaît justifiée ni par leurs coûts ni par les risques auxquels elles sont exposées » et que face à une telle situation, la régulation de l’Etat est « défaillante ».
Depuis dix ans, le rapport montre une hausse constante des tarifs des péages qui dépassent l’inflation. Bruno Lasserre signale que l’autorité administrative indépendante n’a pas rédigé un « rapport pour dénoncer l’existence d’un profit, qui, si il est associé à des coûts, et surtout à des risques est légitime ». En revanche, la démonstration faite dans ce rapport montre qu’en « réalité, il n’existe pas un risque sérieux qui justifie une telle rentabilité », selon lui.
Une meilleure régulation du secteur s’impose
Les sociétés concessionnaires expliquent qu’elles doivent supporter de lourds investissements et des dettes importantes. Contestant par avance cette justification, l’Autorité de la concurrence fait remarquer que « non seulement cette dette n’est pas risquée, mais elle permet en plus de bénéficier de l’avantage fiscal découlant de la déductibilité totale des intérêts d’emprunt », un bénéfice pour les sociétés concessionnaires qui se monte à 3,4 milliards d’euros depuis 2006.
Par conséquent, l’Autorité recommande une « meilleure régulation » du secteur.