Lorsque l’on est un professionnel, peu importe son secteur d’activité, il arrive assez fréquemment que l’on soit confronté à des besoins d’investissements conséquents, allant au-delà de ses capacités d’auto-financement. Ainsi, il convient de solliciter un organisme prêteur – en règle générale une banque, mais pas seulement – afin d’obtenir un prêt professionnel, et l’objet du présent article consistera à approfondir notre connaissance de ce crédit.
Compte-tenu de la période actuelle délicate, une crise économique se doublant à la crise sanitaire du COVID-19, il nous paraissait en effet plus opportun que jamais de réaliser ce focus sur un prêt ô combien essentiel, mais encore trop méconnu.
Le prêt professionnel, de quoi s’agit-il concrètement?
Avant toute autre chose, il faut clarifier le périmètre de notre étude, et de fait, nous ne nous intéresserons pas ici aux crédits accordés aux particuliers, bien sûr, mais pas non plus à ceux qui sont versés aux moyennes / grandes entreprises. En effet, bien que la démarcation entre professionnels et entreprises soit parfois floue, l’on estime généralement qu’une société réalisant plus de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires et ayant au moins 10 salariés est une entreprise de taille moyenne. De fait, le marché des professionnels concerne toutes les sociétés qui évoluent en-deçà de ces deux seuils – ce qui représente tout de même plus de 90% du total en France.
Cette nuance étant posée, n’oublions pas que les professionnels sont plus de 3,5 millions dans l’Hexagone, travaillant quotidiennement au sein d’entités aux formes juridiques très différentes, et avec une incroyable variété d’activités – ce dont témoignent les quelques 700 NAF concernés. Une telle hétérogénéité a longtemps constitué un frein pour les banques, qui n’allaient pas particulièrement chercher des clients professionnels, mais depuis quelques années, l’attrait des prêteurs pour ces petites sociétés s’est considérablement renforcé, et avec la concurrence qu’ils se livrent entre eux.
En effet, nous sommes l’un des pays européens dans lequel les créations d’entreprise sont les plus nombreuses, avec un nombre de défaillances très raisonnable – hors période de crise, s’entend. Qui plus est, le PNB (Produit Net Bancaire) d’un client professionnel se situe en moyenne autour des 2 500 € – dont 1 500 € pour le compte Pro et 1 000 € pour le compte personnel – alors que cet indicateur s’élève à seulement 500 € pour un client particulier.
De surcroît, jusqu’à ce jour, plus des trois quarts des professionnels sont « mono bancarisés », c’est-à-dire qu’ils n’ont qu’un seul organisme bancaire, auquel il se montre fidèle, ce qui n’est clairement plus le cas des particuliers.
Alors, assez logiquement, les organismes bancaires se sont intéressés de plus en plus aux professionnels, dans le but de leur permettre de financer des besoins liés à leur activité, de l’achat d’équipement à un besoin en trésorerie à combler rapidement au niveau du fonds de roulement, en passant par le renforcement de capitaux propres – ou même l’achat immobilier des murs liés à un fonds de commerce. Entre un médecin libéral, un avocat, un artisan, un agriculteur ou un fondateur de start-up, les justifications pour un prêt professionnels peuvent être très variées, mais la constante est celle d’un besoin d’une réponse rapide et efficace.
A noter également que si les points communs sont nombreux avec un prêt personnel – notamment dans les conditions de remboursement anticipé, de report d’échéances, et de choix initial entre taux fixe et taux variable – le prêt professionnel présente plusieurs spécificités. L’une d’elles, et non de moindres, concerne la possibilité de faire financer l’intégralité du montant du projet – à l’exception de la TVA – sans apport personnel. En outre, le montant des intérêts représente une charge financière déductible du bénéfice imposable.
Les différentes typologies de prêt professionnel
Derrière le terme générique de « prêt professionnel », il existe plusieurs variations, comme nous allons le voir par la suite. Cependant, il est bon de rappeler que ce type de prêt n’a pas vocation à servir au paiement des salaires, et pas davantage – sauf rares exceptions – à des campagnes de publicité. Il s’agit d’achats de matériel, de locaux, de machines ou de véhicules, qui pourront être saisis pour revente en cas de non-remboursement.
Néanmoins, un entrepreneur peut solliciter un crédit professionnel dans le but de lancer son activité.
Quoi qu’il en soit, avant d’accepter ou de refuser une telle demande, l’organisme prêteur se livrera bien entendu à toute une série de vérifications en ce qui concerne la solvabilité de la société. Concrètement, il étudiera le bilan (actuel et prévisionnel), le compte d’exploitation (avec un focus sur le REX), et bien sûr le business plan et les cautions.
Vous avez sans nul doute déjà entendu l’expression selon laquelle « on ne prête qu’aux riches ». En réalité, ce n’est pas tout à fait exact, car un jeune entrepreneur peu fortuné peut emprunter des sommes considérables s’il parvient à convaincre de la viabilité de son projet. Pour autant, il est vrai qu’une société ayant déjà fait ses preuves – en atteignant ses objectifs et en remboursant avec succès des crédits précédents – se verra beaucoup plus aisément ouvrir les portes pour un nouvel emprunt.
Pour en revenir aux diverses motivations qui sont à l’origine d’une demande de crédit professionnel, vous vous doutez peut-être instinctivement qu’elles impliquent des outils bancaires différents eux-aussi, et vous avez raison. En effet, pour ne citer que cet exemple, il apparaît évident que l’on ne financera pas à l’identique l’achat d’un véhicule professionnel par un artisan que le BFR d’un médecin libéral.
Les banques proposent donc les typologies de crédit suivantes :
- Les prêts amortissables de moyen terme : souscrits sur une durée inférieure ou égale à 5 ans en moyenne, ils visent à des achats d’équipements (mobilier d’entreprise ou véhicule, notamment), et plus rarement à des acquisitions dites immatérielles, comme pour obtenir une licence ou un brevet
- Les prêts amortissables de long terme : souscrits sur une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans, ils visent principalement à l’achat de murs professionnels. Qu’ils soient de moyen ou de long terme, les prêts amortissables reposent sur un échéancier précis, et à chaque mensualité, le remboursement englobe une part croissante de capital et une part décroissante d’intérêts
- Les prêts non-amortissables : utilisés le plus souvent pour des facilités de caisse, de l’affacturage ou de l’escompte (c’est-à-dire pour des problématiques de trésorerie liées aux créances clients ou aux stocks, notamment), ils permettent à l’emprunteur de rembourser selon ses capacités, sur une période donnée mais sans plan d’amortissement. Les crédits in fine entrent également dans ce cadre.
- Le crédit-bail, qui peut être mobilier ou immobilier, et qui implique que la banque reste propriétaire des biens jusqu’à l’échéance du crédit, pendant lequel la société qui a sollicité ce prêt, se retrouve de facto en situation de location
Soulignons également que, pour les entreprises de moins de trois ans, Bpi France propose un dispositif de garantie des prêts, tandis que le Réseau Entreprendre propose des prêts d’honneur à taux zéro jusqu’à 50 000 €. Dans le même ordre d’idée, le prêt Nacre d’Initiative France est soutenu par l’Etat et permet de récolter 10 000 € avec un taux de 0%. De son côté, l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique dispense des micro-crédits, d’un montant maximum de 10 000 €, aux porteurs de projet qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise.
Des acteurs traditionnels aux néo-banques en passant par le crowdfunding : de l’intérêt de solliciter un courtier
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la clientèle professionnelle attire de plus en plus l’attention des organismes prêteurs, et plus seulement des banques traditionnelles – même si, pour l’heure, ces dernières restent très nettement majoritaires en termes de volume de transactions. De fait, les néo-banques – ou les banques en ligne, si vous préférez – cherchent à présent à concurrencer les acteurs « classiques » de la même manière qu’elles l’ont déjà fait auprès des particuliers.
En outre, l’alternative du crowfunding se fait de plus en plus sérieuse car la pratique s’est démocratisée, et pour les emprunteurs, il est parfois plus simple de convaincre des investisseurs particuliers en quête de rendement – et qui intègrent le facteur risque dans leur appréciation du dossier – que des banques réclamant un maximum de garanties possible, voire de cautionnement. A ce propos, n’oublions pas non plus qu’à l’instar d’un crédit personnel, un prêt professionnel englobe une assurance, mais que celle-ci peut parfaitement être souscrite auprès d’un acteur autre qu’une banque.
Si l’arrivée de nouveaux acteurs peut permettre aux professionnels de faire des économies non-négligeables – y compris en se servant de ce levier de la concurrence pour renégocier auprès de leur interlocuteur « traditionnel » – elle a également complexifié l’environnement dans lequel ces petites sociétés avaient l’habitude d’évoluer pour leurs besoins en financement.
Le recours à un courtier prend donc tout son sens, car nous parlons là d’un fin connaisseur du marché, qui suit les taux et les conditions de financement auprès de toutes les sources possibles. De plus, il aide à construire le dossier de financement de ses clients, et regroupe plusieurs desdits dossiers pour « peser » davantage auprès de ses interlocuteurs, et donc obtenir plus facilement de meilleures conditions de financement.
L’entrepreneur y gagnera donc au niveau du temps passé – puisqu’il n’aura pas à faire le tour lui-même des différentes solutions possibles – et au niveau du coût global de l’opération. Le suivi, du montage du dossier jusqu’à l’exécution du prêt sera également meilleur.